Récit : Allaiter mes jumeaux, un défi

Récit : Allaiter mes jumeaux, un défi

Enceinte de mes deux premiers enfants, les allaiter était pour moi une évidence. Un mois avant leur naissance, j’ai pu assister à une information sur l’allaitement de plus de trois heures organisée à l’hôpital et durant laquelle la sage-femme conseillère en lactation était très confiante et très encourageante quant au fait d’allaiter des jumeaux. J’en suis ressortie très sereine.

Seulement voilà, leur naissance s’est faite précipitamment, par césarienne. Sous anesthésie générale, j’ai reçu de la morphine en salle de réveil et ainsi été contrainte d’attendre plusieurs heures avant de pouvoir les mettre au sein. Leur donner des biberons à ce moment était pour moi un déchirement. Je ne cessais de demander à l’équipe soignante « c’est le dernier biberon ? ». Sur conseils des sages-femmes, j’ai longuement massé ma poitrine et porté des coques de recueil avec des coussinets de massage pour stimuler la lactation. 24h après leur naissance, j’ai finalement pu les mettre au sein pour la première fois, chacun leur tour. Ne les ayant pas senti ni vu naître, n’ayant pas entendu leur premier cris, cette première mise au sein fut pour moi un moment réellement magique : nous partagions enfin un moment intime ensemble, riche en émotions. Mais dès le lendemain, j’ai déchanté. Les tétées était trop brèves, trop fatigantes pour eux. Leur prise de poids n’était pas satisfaisante et nous avons dû compléter par des biberons de lait maternisé. Pendant les 7 jours passés à la maternité, j’ai appris à relativiser et à ne pas vivre cet allaitement d’abord tardif puis devenu mixte, comme un échec : après tout, le plus important était qu’ils grossissent.

Progressivement sevrés des compléments, nous sommes rentrés à la maison avec un allaitement maternel exclusif : formidable !

Mais cette victoire fut finalement éphémère : 4 jours après notre sortie, l’infirmière de la PMI est venue les peser. Ils avaient respectivement pris 10g par jour pour l’un et 5g par jour pour l’autre. Très insuffisant pour des bébés nés à 38SA, à 2,315kg et 2,880kg. S’ils avaient remonté leurs courbes de poids à la maternité grâce aux compléments, le problème de la durée de la prise du sein n’a pas été réglée : 5 à 10 minutes de tétée en tout et pour tout, avec de nombreuses pauses, sur environ 30 minutes de temps au total. Chacun. Epuisant et inefficace.

Nous avons donc dû cesser la mise au sein et leur donner du lait maternisé pour prématurés et bébés de faibles poids, toutes les 2h, de jour comme de nuit jusqu’à ce que leur courbe remonte de nouveau. Pendant ce temps, je tirais mon lait, et ne pouvant le congeler avant le premier mois, me voyais contrainte de le jeter : un geste qui me désolait. Lorsqu’ils ont repris du poids, nous avons pu les sevrer du lait materniser pour repasser au lait maternel, essentiellement au biberon mais également avec quelques mise au sein, une fois de temps en temps, en douceur, un peu comme pour les rééduquer au geste. Surmotivée et convaincue que nous sommes génétiquement programmés pour cela, qu’ils sont fait pour cela, il m’en fallait plus encore pour abandonner.

Aujourd’hui, ils ont 5 semaines et sur six tétées, ils prennent chacun deux fois le sein, 15 à 20 minutes, sans pause (une belle progression !), trois biberons de lait maternel et un biberon de lait maternisé (avant la nuit). Au vu de leurs progrès à la prise du sein, nous aspirons à augmenter cette dernière et à diminuer les biberons, ainsi qu’à supprimer le biberon de lait maternisé sauf cas exceptionnel. « Nous », car sans le soutien inconditionnel de mon compagnon, omniprésent et surinvesti, je n’aurais pas eu la force de poursuivre cet allaitement.

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