[Témoignage AVAC] J’ai accouché la veille de ma césarienne programmée

[Témoignage AVAC] J’ai accouché la veille de ma césarienne programmée

Avant d'aborder l'histoire de mon AVAC (accouchement par voie basse après césarienne), j'aimerais revenir rapidement sur mes deux précédentes grossesses pour que vous puissiez comprendre mon parcours.

En avril 2015, je donne naissance à mon premier bébé. Une naissance traumatique et surmédicalisée. J'ai vécu deux jours de déclenchement par tampon puis un troisième par ocytocine pour une hypertension non-maîtrisée. L'anesthésiste vient par deux fois me poser une péridurale, mais il l'injecte à chaque fois à côté, elle est donc totalement inefficace. L'équipe me hurle dessus, me fait comprendre que je suis pénible (ocyto, bébé bloqué dans mon bassin et bloquée sur le dos sans pouvoir bouger), je les sollicite beaucoup trop, fais beaucoup trop de bruit. L'équipe décide alors de me faire pousser malgré un bébé encore haut, une sage-femme décide de me faire une pression fundique me laissant pour séquelle, un périnée complet compliqué.

SMAR 2016 : mon accouchement, entre traumatisme et violences obstétricales

En mai 2016, je donne naissance par césarienne à ma fille. Cette grossesse a été un peu compliquée puisque j'ai eu une cholestase gravidique. Une pathologie rare et méconnue des médecins. J’enchaîne un suivi rapproché avec la peur au ventre de perdre ma fille. Après une énième consultation à l'hôpital, la sage-femme me demande de rejoindre le médecin dans une pièce à côté. Il m'annonce que je dois me présenter le lendemain matin pour être déclenchée à cause de ma cholestase. Il m'explique qu'avec cette pathologie, généralement on ne laisse pas dépasser les 38 semaines car les risques de complications comme la mort in utero augmentent fortement.

Le lendemain je me rends comme convenu à la maternité où on m'annonce qu'un médecin va me parler. Celui-ci nous reçoit et m'annonce finalement que ça ne sera pas un déclenchement, mais une césarienne à cause de mon périnée complet compliqué. Je ne m'y attendais pas du tout, la césarienne n'était pas dans mes projets, je désirais plus que tout avoir un accouchement naturel. Le médecin me voit hésiter, et lance à mon mari : "Vous voulez que votre femme se face caca dessus dès qu'elle éternue !? C'est ce qu'elle risque si elle a une nouvelle déchirure aussi grave." Envahie par la peur, j'ai accepté d'être césarisée.

AVAC ou comment ne jamais perdre espoir !

J'attends mon troisième amour, cette fois-ci tout est différent. Je m'informe énormément par rapport à cette déchirure que j'ai eue, aux possibilités qui s'offrent à moi, à l'accouchement par voie basse après une césarienne. Je suis convaincue que cette fois-ci j'aurai ce bel accouchement dont je rêve tant, je m'informe sur la douleur, comment en faire une alliée, sur la gestion de la douleur... bref, je suis à bloc !

Arrive ma trentième semaine de grossesse et à mon plus grand malheur, le retour de ma cholestase gravidique, cette fois-ci elle est beaucoup plus agressive. Mes taux sont alarmants, je gagne une hospitalisation, deux injections de corticoïdes pour faire maturer les poumons de mon bébé et je suis transférée en urgence dans un hôpital prenant en charge les grands prématurés. Par chance, une fois le traitement mis en place mes taux se stabilisent et je suis autorisée à rentrer chez moi, bébé au chaud mais avec une HAD (hospitalisation à domicile).

Après cet épisode d'angoisse, je me suis souvenue de ce que le médecin lors de ma précédente grossesse m'avait dit, qu'on ne laissait pas dépasser les 38 semaines de grossesse lorsqu'il y a une cholestase, surtout lorsqu'elle est instable. J’enchaîne les hospitalisations car mes taux pouvaient totalement s'envoler, mon foie me fait de plus en plus souffrir. Lors d'un rendez-vous pour une nouvelle échographie, ma gynécologue aborde le sujet qui "fâche", elle me demande : "Vous souhaitez avoir une césarienne?", je lui réponds que "si j'ai le choix, non, absolument pas. Je rêve d'un accouchement le plus naturel possible". Elle me répond qu'au vu de mon dossier médical, il n'était pas obligatoire d'avoir recours à une césarienne lors de mon précédent accouchement, qu'il est possible pour moi d'avoir un accouchement par voie basse sans problème. Il suffira juste d'avoir un accouchement surveillé et que tout ira bien. Malgré tout, au vu de mes taux instables et de ma souffrance, elle doit poser une date de césarienne, la poussant le plus loin possible pour me laisser toutes mes chances."

Ça a été un soulagement de trouver enfin une gynécologue qui m'écoute, respecte mes choix, et me soutienne. La sage-femme qui assurait mon suivi jusque là me lâche un : "Ben moi je préférerais pour vous une césarienne. Un accouchement surveillé, c'est facile pour le médecin, vous comprenez ? Pas pour nous!" Je lui dis que peu importe, je n'accepterai pas de césarienne. Une autre sage-femme de l'hôpital prend son relais, cette fois-ci un réel contact se crée, elle est formidable et nous nous réjouissons de chaque jour gagné nous éloignant de la prématurité. Elle me conseille d'avoir recours à l'acupuncture la semaine avant ma césarienne programmée.

En parallèle, je suis suivie par une sage-femme libérale, elle est fantastique et elle sera un véritable pilier pour moi. Elle me prescrit de l'homéopathie, me conseille de boire de la tisane de framboiser + sauge et de beaucoup marcher. Je m'exécute. Je ressens parfois des petites contractions, mais rien de concret. Je décide de prendre rendez-vous à l'acupuncture. La séance fut parfaite, moi qui appréhendais. Je luttais pour ne pas m'endormir, ce fut un moment super agréable !

Deux jours avant la date de ma césarienne, je revois ma sage-femme libérale qui continue de positiver, de m'encourager à y croire. En partant, elle me dit : "Vous savez, j'ai des patientes qui ont accouché la veille de leur césarienne, c'est possible!" ça faisait déjà 3 jours depuis ma séance d'acupuncture, toujours pas de contractions douloureuses ou régulières alors je commençais à désespérer et à intégrer l'idée d'être césarisée.

La veille au soir du jour-j, ma voisine alcoolisée dans le hall hurle et nous insulte. Prise de rage, j'ouvre la porte et hurle comme jamais, mon mari me raisonne pour rentrer. Tout d'un coup je ressens une énorme contraction dans les reins, une seule qui s'estompe rapidement. Faux espoir, nous reprenons nos activités. Vers 3h du matin, je me réveille et je sens un peu de liquide couler. Je me suis dit que j'avais probablement eu une fuite urinaire, je me lève pour vérifier et là, pouf ! Je perds complètement les eaux. J'étais à deux doigts de la danse de la joie ! Je réveille mon mari très délicatement, en criant : "Nico, j'ai perdu les eaux!!" Il se réveille en panique, et ne comprend pas ce qui se passe. Fière de moi, je lui montre la flaque d'eau. Je lui réponds qu'il peut continuer à se reposer le temps que j'aille prendre une douche et terminer de préparer ma valise. Une fois tout ça fini, mon mari va se doucher et on prépare les enfants pour aller chez ma belle-famille. Les contractions commençaient à monter crescendo, mais je gérais la douleur.

Deux heures plus tard nous arrivons à la maternité, on m’accueille en salle d'accouchement. Le travail est déjà bien commencé. On me pose un monito, mais je peux me déplacer librement. On m'apporte plusieurs ballons, mais les contractions continuent de monter crescendo, j'ai besoin de mon compagnon pour m'aider. Je continue la pensée positive, la douleur est une alliée. J'essaie de trouver une position confortable pour dormir entre deux contractions. Je me lève, je tourne en rond, je reste en appui contre mon conjoint. Ses encouragements, ses mots me portent et soulagent ma douleur. Je m'enfuis même jusqu'aux toilettes de l'hôpital et bizarrement, c'est là que je suis le plus à l'aise. Bon, je n'allais pas donner naissance dans les toilettes, je me motive à retourner dans la salle. On me demande si je veux être examinée? J'accepte. On me dit qu'il est temps pour moi de me mettre en position. Soit 4 heures après la perte des eaux ! Mais cette position ne me convient pas, je souffre et commence à perdre pieds, on me donne du gaz hilarant à respirer. Je vois ma gynécologue entrer dans la pièce, je revois son immense sourire, se diriger vers moi et rester à mes côtés. Elle renseigne la sage-femme qui m'accouche sur la conduite à tenir. Elle restera jusqu'au bout, avec des encouragements, des félicitations mais surtout très heureuse pour moi d'avoir réussi mon AVAC.

Ce fut un accouchement incroyable, magnifique et le plus satisfaisant !

Ne cessez jamais de croire en votre projet d'AVAC, effectivement, vous pourrez toujours accoucher la veille de votre césarienne programmée ! 😉

2 réactions à [Témoignage AVAC] J’ai accouché la veille de ma césarienne programmée

  • Bonsoir, vos témoignages d’accouchement m’ont touché. Bravo à vous. J’aimerais vous parler en privé. J’ai eu un périnée complet non compliqué de mon premier et on me dit que ce sera une césarienne pour le deuxième. Comme vous je ne le souhaite pas. J’aimerais avoir des conseils. Cordialement

  • Bonsoir,
    Franchement ce témoignage me donne plein d’espoir !!! J en suis toute émue !
    Je vais vraiment croire à mon projet d’AVAC sinon je m’en voudrai toujours je pense!
    Juste une question: est ce que dès lors que le travail commence on ne peut plus nous imposer une césarienne?
    Pour rappel de mon cas:
    – césarienne 1 en urgence :
    février 2013
    – césarienne 2 programmée en avril 2015

    Merci à vous pour votre réponse.
    Bonne continuation

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