De plus en plus d'enfants souffrent de dermatite atopique. Voici les traitements pour bien soigner l’eczéma de bébé et les mesures pour sa prise en charge.
En France, on estime que 10 à 15 % des enfants ont une dermatite atopique (ou eczéma). Un chiffre multiplié par deux en dix ans !
Cette augmentation pourrait s'expliquer, en partie, par ce que les scientifiques appellent la "théorie hygiéniste". Les progrès en matière de vaccins, d'antibiothérapie et, plus simplement, d'hygiène ont permis de protéger l'enfant contre de nombreuses maladies infectieuses. Mais, en même temps, ces améliorations ont modifié son système immunitaire. Il est exposé plus facilement aux allergies.
Différentes études montrent d'ailleurs que le risque d'allergie est diminué chez les enfants vivant dans un environnement plus exposé : par exemple, en milieu rural, dans une famille nombreuse, ou lorsqu'ils sont mis très tôt en collectivité (crèche, halte-garderie...).
L'apparition de nouveaux allergènes et la pollution sont également en cause.
Comment reconnaître l’eczéma ?
Cette maladie de peau touche surtout les enfants issus d'une famille prédisposée à l'allergie. Un enfant dont l'un des parents est allergique a 50 % de risque de souffrir de dermatite atopique, le risque passe à 80% quand les deux parents (ou l'un des parents et un frère ou une sœur) le sont. En revanche, dans une famille sans antécédent d'atopie, le risque tombe à 5 %.
La première poussée survient habituellement vers trois mois. Chez le nourrisson, les lésions se situent surtout au niveau du cuir chevelu, du visage, du cou, des bras et des jambes. La dermatite atopique sévit particulièrement la première année de vie. Elle s'améliore souvent vers l'âge de deux-trois ans, avec des lésions surtout localisées au niveau des plis des coudes et des genoux, puis disparaît en général au cours de la petite enfance.
Toutefois, certains enfants ont encore de petites plaques sèches à six-sept ans. Parfois, la dermatite persiste jusqu'à la puberté, voire au-delà.
En général, la poussée d'eczéma évolue en plusieurs étapes :
- Dans un premier temps apparaissent des démangeaisons, puis la peau devient rouge et parsemée de petites vésicules à peine visibles, donnant alors un aspect granuleux.
- Ensuite, les vésicules grossissent, entraînant un grattage qui provoque la rupture de ces petites cloques avec un suintement plus ou moins important.
- La dernière phase de la poussée est celle des croûtes. Elles tombent en quelques jours et laissent la peau rouge avant la guérison de la poussée d'eczéma.
Dans tous les cas, la peau de l'enfant est en permanence sèche, même en dehors des crises.
Des moyens de prévention contre la dermatite atopique
Actuellement, on ne dispose d'aucun moyen préventif réellement efficace, mais il y a de l'espoir notamment avec les probiotiques (des bonnes bactéries, qui auraient un effet bénéfique sur la santé).
Des essais réalisés en Finlande, sur des femmes enceintes à risque d’allergie puis sur leur bébé, seraient convaincants. Ils montreraient que l'administration de probiotiques pendant la grossesse puis chez le bébé permettrait d’avoir deux fois moins d'eczéma à l'âge de deux ans et quatre ans. Aujourd’hui, leur prescription peut être envisagée avec l'accord du médecin traitant.
Dans les familles à risque, on conseille aux futures mamans d'allaiter leur bébé ou, si elles ne le peuvent pas ou ne le souhaitent pas, de le nourrir avec un lait hypoallergénique, et de ne pas démarrer la diversification alimentaire avant le début du cinquième mois.
Eczéma et bébé : nos conseils pratiques
Pour sa toilette :
- Le bain doit être de courte durée (10 minutes maximum), dans une eau ne dépassant pas 34 à 35°c (attention ; si l’eau est trop chaude, inflammation et démangeaisons seront réactivées).
- Le laver avec un pain ou un gel dermatologique. Éviter l'utilisation de bain moussant trop détergent.
- Le sécher en le tamponnant, et non en le frottant.
- Appliquer son émollient juste après le bain.
Pour ses vêtements :
- À même la peau, ne lui faire porter que du coton. Éviter les matières synthétiques et la laine.
- Penser à retirer les étiquettes des vêtements, qui peuvent gratter.
Dans sa chambre :
- La température doit être de 19 à 20°c maximum.
- Afin que la pièce ne soit pas trop sèche, placer un humidificateur ou tout simplement un bol d’eau, surtout si le chauffage est électrique.
Astuces anti-grattage !
- Couper les ongles courts.
- Au lieu de se gratter, expliquer qu'il faut caresser avec la paume de la main OU effectuer une pression à l’endroit de la démangeaison OU souffler dessus OU mettre une com- presse d'eau froide sur les zones qui démangent.
- Respirer trois à cinq fois lentement et profondément en cas d’envie de se gratter.
Bien suivre le traitement pour aller mieux
Les parents ont souvent du mal à comprendre qu'il s'agit d'une maladie chronique, ils ont tendance à chercher le médecin qui fera disparaître l’eczéma de leur enfant. C'est impossible. En revanche, on peut diminuer le nombre et l'intensité des poussées, et soulager l'enfant pour qu'il souffre le moins possible.
Afin d'éviter ce "nomadisme médical" des parents, la société française de dermatologie vient d'élaborer un consensus concernant le diagnostic, la prévention et le traitement de la dermatite atopique. Ce protocole sera suivi par les allergologues, dermatologue, pédiatres et médecins généralistes.
Que faire en cas de poussée d'eczéma ?
Le traitement repose sur les crèmes ou pommades à base de cortisone (dermo-corticoïdes), mais les parents s'en méfient. Ils ont tendance à ne pas assez en appliquer à leur enfant. Or, les dermo- corticoïdes sont indispensables pour soigner l'eczéma : ils réduisent l'inflammation et permettent à la peau de se reconstituer.
Il faut :
- Utiliser une crème ou pommade dermocorticoïde de force deux ou trois (c'est-à-dire à activité faible ou modérée).
- « Il faut "tartiner" l'enfant de dermocorticoïdes, une fois par jour, sur les lésions et noter le nombre de tubes que l'on utilise et les jours d'application sur un calendrier.
- Espacer l'application dès amélioration, en alternant avec une crème aseptisant à base de cuivre et de zinc.
En cas de surinfection (impétigo à staphylocoque doré, par exemple) souvent due au grattage, des antibiotiques sont prescrits.
Important à savoir ! Attention, si l'un des parents (ou la nounou) a de l'herpès labial, il doit s'abstenir de tout contact rapproché avec l'enfant, surtout lors d'une poussée d'eczéma. Le virus de l'herpès risque alors de se propager au niveau des lésions.
En complément, il ne faut pas oublier les crèmes émollientes. Elles s'appliquent en alternance avec les dermocorticoïdes (matin ou soir) sur les zones les moins rouges. Ces crèmes hydratent, adoucissent et protègent la peau, réduisant ainsi l'inflammation et l'irritation.
Que faire entre les poussées ?
La peau de l'enfant atopique étant très fragile, elle a besoin d'être hydratée avec un émollient, une à deux fois par jour. Arrêter ces soins, c’est prendre le risque de voir l'eczéma réapparaître.
Son eczéma résiste : comment soigner bébé ?
Si les dermocorticoïdes étaient utilisés correctement, les trois quarts des dermatites atopiques résistantes n'existeraient pas. Cependant, il arrive que, chez certains enfants, les dermocorticoïdes ne donnent pas de bons résultats.
On peut, maintenant, avoir recours aux immuno-modulateurs lors des poussées d'eczéma. Ces pommades, en inhibant l’activité de certains gènes de l'inflammation, permettent à l'enfant d'être moins rouge et de moins se gratter. Des études sont actuellement en cours pour savoir si, utilisés en traitement régulier, les immuno-modulateurs pourraient faire reculer les poussées. A suivre...
Dans de rares cas, la dermatite atopique est extrêmement sévère, le traitement repose alors sur la photothérapie par U.V.B. ou sur la prescription d'immunosuppresseurs.
Des lieux pour informer les parents
Le traitement d'une dermatite atopique nécessite une parfaite adhésion des parents. C'est pourquoi, sur le principe des "écoles de l'asthme", des structures d'éducation thérapeutique se mettent petit à petit en place dans différents services hospitaliers : Bordeaux, Nantes, Nice. Elles permettront aux parents, durant une consultation d'une heure environ avec l'équipe médicale d'éducation (infirmière, médecin, psychologue… de mieux comprendre ce qu'est la dermatite atopique, les soins à apporter à son enfant, mais aussi de poser leurs questions.
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