Allaiter son bébé né trop tôt : un magnifique récit

Allaiter son bébé né trop tôt : un magnifique récit

Allaiter son bébé né trop tôt : un magnifique récit

J'avais toujours dit que j'allaiterais.

Quand la grenouille est née, bien trop tôt, à 30sa, elle était dans l'incapacité de téter. Son réflexe de succion n'était pas encore installé. Dans sa couveuse elle recevait mon lait par une sonde nasale. Quelques millilitres seulement, et le reste partait au lactarium pour et pasteurisé pour être distribué aux autres petits impatients.

C'est dans les pleurs que s'est fait ma montée de lait. Avec un tire-lait électrique dans une chambre de maternité vide de bébé.
Le lait que je tirais, les premières semaines, c'était tout ce que je pouvais faire pour mon enfant.
Elle était dans un autre bâtiment, prise en charge par les infirmières. Au tout début, je ne pouvais pas y aller seule car la césarienne m'empêchait de me déplacer. Je ne tenais pas longtemps debout. Le temps de changer une minuscule couche tout au plus. Les autres soins, c'est Aurélien qui les faisait, ou les puéricultrices. Et il prenait soin de moi.
Je passais des heures d'affilée en peau à peau avec elle. Il me relayait.
Elle était branchée à plusieurs machines.
De cette période, ce qui me reste, c'est grande frustration de ne pas pouvoir apporter plus à notre fille. Mon corps blessé et sa prématurité nous en empêchaient.

Alors j'ai tiré mon lait. Encore et encore. Le lait maternel est le seul qu'un préma puisse digérer. Et c'était tout ce que je pouvais faire pour elle, du moins dans ma tête.
En réalité, être auprès d'elle, lui parler, chanter, et la coller contre ma peau, c'était déjà énorme. C'est ce que nous faisions Aurélien et moi. Mais j'étais si mal. Si mal.

Elle, elle était sereine. Dans sa boîte puis dans son berceau. Elle se reposait, prenait des forces. Tranquille elle se préparait à la vie. Elle grandissait et grossissait à vue d'oeil.

On l'a mise au sein. Elle tétouillait puis s'endormait avec un sourire. En fait, elle était heureuse comme ça. Mais il y avait toujours une infirmière pour se ramener et dire qu'il fallait qu'elle prenne un biberon. Et le pire c'est qu'elle avait raison... Elle était apaisée mais elle avait besoin de se nourrir. Sa tétée n'était pas efficace (comprendre : elle ne tétait pas assez fort pour recevoir du lait). Elle recevait donc d'abord le biberon, souvent par son père, puis on lui proposait le sein, pour le câlin, l'odeur, le lien. Souvent, on complétait la prise orale par la sonde nasale, car même boire au biberon était fatigant pour ce petit amour.
Que j'ai pleuré. Encore, toujours. Je tirais des litres de lait, autant que de larmes sur mes joues. Les puéricultrices n'avaient jamais vu autant de lait dans leur congélateur.

Progressivement, on a retiré tous les câbles, tuyaux. Restait la sonde nasale pour la nourrir. Elle était désormais capable de vivre sans machine, à part pour l'alimentation. La pédiatre et plusieurs infirmières commençaient à me dire que je devrais me contenter du biberon. Que j'étais trop têtue de vouloir la mettre au sein. Une seule infirmière m'a soutenue. Aurélien était mon plus grand soutien. J'avais cette certitude en moi que mon lait, directement au sein, c'était mieux que mon lait au biberon. Et aujourd'hui je sais que j'avais raison : des échanges se font entre la bouche du bébé et le sein, ce qui permet au lait de s'adapter aux besoins de l'enfant, en terme d'anticorps en particulier.

On a fini par rentrer à la maison avec elle après sept semaines d'hospitalisation. Elle prenait bien le biberon et tétait un peu au sein. J'ai proposé le sein quelques minutes avant chaque biberon, le jour, la nuit. Après chaque biberon je tirais mon lait.

Au bout de trois mois elle tétait enfin uniquement au sein. J'ai rendu le tire-lait à la pharmacie.

Aujourd'hui elle a quasiment 17 mois. Elle est toujours allaitée à la demande. Et ça, c'est grâce à sa volonté, à la mienne, à celle de son père. C'est aussi grâce à ma tante qui m'a sorti son propre sein pour me montrer comment le comprimer ! Grâce aussi à la Leche League.

Si aujourd'hui j'ai pris ma plume, c'est parce que je voulais envoyer un témoignage positif aux mamans qui galèrent à démarrer un allaitement. En aucun cas il ne s'agit de culpabiliser les mères qui ont échoué ou qui n'ont pas voulu allaiter. C'est pour dire "c'est possible". Soyez entêtées, ne lâchez pas !

Allaiter son bébé né trop tôt : un magnifique récit

Un magnifique témoignage d'Azalée Bruyer
pour oummi-materne.com

2 réactions à Allaiter son bébé né trop tôt : un magnifique récit

  • C’est le premier article que je lis de vous… Et mon dieu qu’il me tire des larmes.. Les mêmes que vous, qui ont coulé en même temps que les premières gouttes de lait… Exactement la même situation, quelques chiffres qui changent, bébé né à 34SA (RCIU + pré-éclampsie), 4 longues semaines d’hospit, 10 jours de sein puis bib avant qu’il ne prenne que le sein… Un an de tire-lait, rendu à la pharmacie il y a peu… Des litres au lactarium pour aider d’autres bébés comme le mien, puis dans mon congel perso… et un pincement au coeur il y a peu de temps quand j’ai vu qu’il manquait énormément de lait maternel dans les lactariums.. Je n’ai plus une production assez importante pour pouvoir répondre à ce besoin… Mais quelle fierté s’y être arrivée quand personne n’y croyait à part mon homme et moi.. Et quel bonheur de dire qu’à bientôt 14 mois il peut encore téter s’il le veut, mais s’approche du sevrage comme un grand… Merci !

  • J’adore l’article merci

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