Bébé : quand faut-il recourir aux antibiotiques ?

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Rhinopharyngite, otite, angine... Ces infections O.R.L, ne nécessitent pas toujours des antibiotiques, Alors, quand sont-ils vraiment utiles pour bébé ?

La France, un des plus gros consommateurs d’antibiotique

Les enfants français sont, après les enfants espagnols, les plus grands consommateurs d'antibiotiques en font, en moyenne, deux à trois "cures" par an. Une consommation qui va de pair avec une progression très rapide du nombre de consultations médicales en ce qui concerne les infections O.R.L. chez le jeune enfant.

En général, dès que leur bébé est fébrile et manifeste les premiers symptômes d'une rhinopharyngite, les parents s'inquiètent.

Ils consultent rapidement (dix fois plus que les Anglais ou les Allemands pour le même type de pathologie !). Leur demande est très souvent contradictoire.

Combien d'entre eux disent : « Docteur, vous n'allez pas encore lui prescrire des antibiotiques ? » et en même temps « il faut le soigner rapidement, regardez comme il va mal ! ». Si les infections O.R.L. sont très fréquentes chez les petits, elles ne réclament heureusement pas toutes des prescriptions antibiotiques.

Antibiotique chez bébé : Quand sont-ils nécessaires ?

  • L'otite moyenne aiguë : Elle est la première indication d'une prescription antibiotique, et ce d'autant plus que le médecin constate un écoulement purulent de l'oreille. Elle représente d'ailleurs la moitié des ordonnances effectuées par les pédiatres et les médecins généralistes.
  • L'angine : Elle est, elle aussi, soignée par antibiothérapie afin de prévenir tout risque de rhumatisme articulaire aigu dû, plus particulièrement, à l'angine à streptocoques du groupe A.
  • Pourtant, un tiers seulement des angines est d'origine bactérienne et nécessite donc un tel traitement. Mais, pour le savoir, des examens sont nécessaires. Dans un proche avenir, des tests de diagnostic rapide (TDR) pourront sans doute être utilisés à large échelle. Ils permettront de détecter au cabinet du médecin, en quelques minutes, grâce à un prélèvement de gorge, la présence ou non de streptocoques A. Ils sont actuellement à l'étude dans la région Bourgogne. A suivre donc...
  • Les pneumopathies : Elles sont dues à un germe (pneumo- coque ou mycoplasme, par exemple) et nécessitent donc un traitement par antibiothérapie.

Quand sont-ils superflus ?

En revanche, les rhinites, les rhinopharyngites, les bronchites habituelles sont déclenchées par des virus et ne nécessitent donc pas de traitement antibiotique. Leur pronostic est quasi constamment favorable chez l'enfant. Pourtant, les antibiotiques sont très souvent prescrits (dans 40 % des rhinopharyngites et 80 % des bronchites aiguës 2).

Pourquoi ? Parce que les parents n'ont bien souvent pas la patience d'attendre. Passé 48 heures de traitement à base d'antipyrétiques, d'antalgiques et de soins locaux, ils voudraient que leur enfant soit guéri. Autre problème, les enfants malades ne sont pas toujours acceptés à la crèche, ce qui crée des soucis aux mamans qui travaillent !

Les microbes font de la résistance !

Les germes pathologiques rencontrés dans les infections respiratoires des petits sont haemophilus influenzae, streptococcus pneumoniae, moraxella catarrhalis, mycoplasma pneumoniae.

Depuis une vingtaine d'années, en France, mais aussi en Espagne (où les antibiotiques sont en vente libre), on constate une résistance de plus en plus importante de ces microbes aux pénicillines. A titre d'exemple : 38 % des souches responsables de pneumonie y résistent. La faute à qui ? Plusieurs facteurs entrent en compte.

  • La non-observance scrupuleuse du traitement par les parents représente l'une des principales causes d'échec. Trop souvent, ces derniers demandent au médecin (qui peut être conduit à céder) un antibiotique à prendre en deux prises pour des raisons pratiques. Mais ce dernier n'est pas forcément le plus adapté dans la pathologie dont souffre leur enfant. Combien sont-ils également à arrêter le traitement dès que leur bambin va mieux ? Ces com- portements conduisent, malheureusement à terme, à la résistan- ce des germes.
  • La diffusion des bactéries dans les collectivités (crèches, écoles) peut aussi être tenue pour responsable.
  • Attention également aux prescriptions excessives et mal adaptées d'antibiotiques. Une même infection sera traitée différemment selon si l'enfant habite à Paris, à Lyon ou à Marseille. Les résistances aux germes étant différentes selon les régions. Les connaître permet de prescrire à l'enfant le principe actif le plus efficace. En donnant des antibiotiques mal appropriés, on a plus de risques d'augmenter le phénomène de résistance. Dans quelques années, on se retrouvera sans "armes" efficaces pour soigner.

Antibiotique pour bébé : Qu'est-ce qui marche ?

Aujourd'hui, le médecin doit absolument prescrire des anti-biotiques qui dépassent le niveau de résistance des bactéries. Le choix dont il dispose est de plus en plus restreint. Sont actuellement efficaces : l'association amoxicilline + acide clavulanique, le céfpodoxime-proxetil ainsi que le céfuroxime-axetil.

Selon l'antibiotique préconisé, les prises sont réparties en deux ou trois fois par vingt-quatre heures. Quant à la durée du traitement, il faut compter cinq jours pour une angine, sept jours pour une otite et dix jours pour une pneumopathie.

Mais si les parents ne respectent pas l'ordonnance à la lettre, il est évident que la réussite du traitement sera remise en cause.

Pour les aider, les laboratoires ont amélioré les présentations des antibiotiques. Aujourd'hui, elles se font de plus en plus pratiques. La pipette est devenue, sans conteste, la formule préférée des parents. Il suffit de la remplir jusqu'à l'indication du poids de l'enfant. Vient ensuite le sirop et sa cuillère-mesure et en dernier le sachet. Avis aux prescripteurs quand ils rédigent leurs ordonnances !

Vers des traitements plus courts

La durée moyenne des traitements antibiotiques donnés aujourd'hui date d'études publiées dans les années 1950 !

Aujourd'hui, grâce à des travaux plus récents, on s'oriente vers des durées plus courtes en fonction de la molécule prescrite et de l'âge de l'enfant.

On pourrait donc envisager pour l'angine des traitements plus courts (3 jours), notamment avec certains macrolides. Quant aux otites moyennes aiguës, les prescriptions pourraient être réduites entre trois et cinq jours environ. Ce gain de temps inciterait sans doute les parents à poursuivre le traitement jusqu'à son terme, limitant ainsi les phénomènes de résistance devenus de plus en plus fréquents.

Toutefois, ces "traitements-express" ne concernent pas les enfants âgés de moins de deux ans ou ceux gardés en collectivités. Pour l'instant, les ordonnances restent inchangées et la seule façon de voir son enfant guérir est bien de s'y plier sans faillir.

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