Comprendre l’enfant ne veut pas dire céder, être laxiste !

Catherine Gueguen

Comprendre les émotions de l'enfant, l'apaiser ne veut pas dire accéder à ses désirs lors de ses colères, lui donner tout ce qu'il veut.

Comprendre l'enfant c'est lui dire : "Je comprends que tu sois en colère contre moi car je ne veux pas te donner telle chose." ou : "Je comprends que tu sois en colère contre toi car cela t'énerve de ne pas encore réussir telle chose."

Les parents confondent souvent comprendre l'enfant, savoir l'apaiser et être laxisme. Apaiser n'est pas céder ni autoriser à assouvir toutes ses envies.

Sécurité affective, insécurité affective

Apaiser l'enfant, le comprendre lui donne le sentiment d'être en sécurité avec ses parents : "Je peux toujours compter sur mes parents, même si je me sens mal, si je suis en colère. Ils ne me rejettent pas, ils comprennent ce que je ressens."

Ce sentiment de sécurité affective donne de la confiance, de l'assurance. C'est un socle pour grandir, construire peu à peu son identité, penser par soi-même et devenir responsable de soi.

Par contre l'insécurité affective, la peur, l'irrespect font perdre confiance en soi, troublent la construction de l'identité, ne permettent pas alors de penser par soi-même et rendent irresponsable et dépendant.

"Je veux que mon enfant me respecte", me disent souvent les parents. C'est un souhait tout à fait légitime. Mais qu'est-ce que cela sous-entend? Si l'enfant est respecté, il sera respectueux. C'est là toute l'importance de l'échange empathique. Le respect de s’obtient jamais par la peur et la soumission.

Dr Catherine Gueguen - Pour une enfance heureuse - Editions Pocket

En effet, beaucoup d'adultes pensent qu'un enfant sous stress ou en pleine tempête émotionnelle est un enfant "capricieux", qui ne mérite pas qu'on s’intéresse à lui sous risque d'être "manipulé". Des adultes reproduisant un schéma familial, un manque d'empathie étant enfant.. Mais aujourd'hui les neurosciences ont démontré que ces comportements impulsifs, jugés "déraisonnés" sont en fait le résultat d'une immaturité cérébrale.

Pour plus de précisions, le cortex préfrontal et les circuits le reliant au système limbique sont immatures chez l’enfant, c'est ce qui lui permet de contrôler ses émotions. De plus, les connexions qui transmettent les informations entre le cortex et le système limbique sont encore peu développées.

Apaiser un enfant, le rassurer, l'accompagner dans ce qu'il ressent, dans ce qu'il vit l'aide à faire maturer son cerveau. La bienveillance est fondamentale pour le cerveau car elle régule l'axe HPA et densifie les connexions de l'hippocampe, structure cérébrale essentielle pour la mémoire, l'apprentissage et les émotions. Elle augmente le BDNF, protéine vitale pour le bon développement du cerveau. Ses effets s'inscrivent profondément dans les gènes et ont des conséquences très importantes sur le développement de l'enfant.

Taper, crier, punir ne peut pas faire évoluer la situation positivement. Un enfant ne peut pas prendre du recul, réfléchir, analyser la situation comme un adulte peut le faire. Par conséquent, c'est à lui adulte,  d'aider l'enfant à comprendre ce qui se passe en lui, l'aider à connaitre les différentes émotions et mettre en place des jeux, des outils autour des émotions pour qu'il arrive plus facilement à mettre des mots sur ce qu'il ressent et ainsi, trouver par lui-même une solution raisonnée et raisonnable pour l'extérioriser.

Une voix affectueuse, une caresse, un ton dure, sévère, de la négligence, des coups, de la fumée de cigarette, toutes ces expériences diverses sont des signaux qui, lorsqu’ils sont intenses ou répétés, peuvent produire une cascade de phénomènes biochimiques déclenchant des modifications de l’ADN.

J'ai l'habitude de dire que la parentalité positive est un juste milieu parmi les méthodes éducatives, une méthode naturelle et respectueuse de l'enfant. Le parent n'est ni rigoriste ni laxiste. Il y a des règles, de l'écoute, du respect et l'amour n'est pas une récompense, mais un carburant.

Pour plus d'informations :

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