Technologie contre traditionnel : Un regard saisissant sur la façon dont l’accouchement est formé par la culture

Technologie contre traditionnel : Un regard saisissant sur la façon dont l'accouchement est formé par la culture

Ceci est un extrait de la nouvelle autobiographie de Sheila Kitzinger, éducatrice et anthropologiste de la naissance internationalement reconnue. Autobiographie terminée peu avant sa mort en avril 2015.

L’image de la naissance dans la vie primitive est commune à celle des primates. C’est pourtant loin de la vérité. La Naissance est toujours formulée par la culture.

En Jamaïque, une femme qui rencontre un travail difficile peut recevoir l’aide d’une sage femme, si un maillot imprégné de la sueur du futur papa est posé prés d’elle et qu’elle y inspire fortement. Alors, le bébé né rapidement. La plupart des naissances se font sans un père reconnu, le maillot plein de sueur indique donc qu’un homme doit être autour. Cela donne à la future mère un sentiment de sécurité puisque cela signifie que l’homme va assumer sa responsabilité paternelle.
En Polynésie les sages femmes chantent au dessus d’une femme en plein travail : «  Maintenant l’enfant en vie, longtemps chéri par le cœur de sa maman, passe la porte de la vie. Il faut passer la pièce en sécurité. L’enfant dormant sur le ventre devient visible et explose. ».

Au même titre qu’il y a des rituels dans les sociétés traditionnelles, il y a des rituels dans les hôpitaux modernes.

Dans une culture de haute technologie les femmes doivent aller à l’hôpital. Les visites sont autorisées sous certaines conditions. La femme est séparée de son partenaire, et il (ou elle) se retrouve dans une situation de dépendance, interdit d’affecter le traitement de la maman et du bébé, et il est très souvent pris de haut. En fait, un père a habituellement un rôle humoristique et est supposé être dans un état de confusion et de désespoir.
Dans notre culture de naissances technologiques, le docteur chante plutôt : « Ne vous préoccupez pas l’esprit. Laissez nous gérer, femme ». Ou « Tenez vos mains éloignées de mon champ stérile ».
La femme à tendance à être traitée comme si elle était une boite de sardines que les médecins ouvre pour avoir accès au contenu. Des termes techniques ainsi que des choses qu’elle n’est pas supposée comprendre sont dites au dessus de son corps étendu. Elle pourrait ne pas être autorisée à avoir accès à son dossier médical.

Il serait incompréhensible dans une société traditionnelle que le bébé ne soit pas donné à la mère. Dans une culture technologique, la femme n’est pas plus considérée comme mère que comme malade. Elle n’est pas responsable du bébé, et la rencontre entre elle et le fruit de sa grossesse est dictée par l’hôpital. Aux USA, et partout dans le monde ou les obstétriciens américains ont diffusé leurs influences, la responsabilité est retirée à la mère comme au père. Ils deviennent des personnes virtuelles. Le patient idéal est passif et confiant (il n’interfère pas avec la routine hospitalière), et est inscrit dans la case « se repose paisiblement ».
Oui, il y a des femmes qui veulent en savoir très peu et ne veulent pas prendre part aux décisions, ou même être conscientes de l’accouchement et de la délivrance. Je pense qu’elles ont le droit d’avoir ce type de naissance si c’est ce qu’elles souhaitent. Mais la naissance comme un « trouble pathologique » est devenu la norme.
Beaucoup de femmes ont le besoin durant et après la naissance de pacifier les gens autour d’elles. Le psychanalyste Bowlby explique que des hommes envient les femmes pour leur réussite créatives dans et à travers leurs corps. La haine est projetée sur les femmes par la société en générale. Comment pouvons nous sinon expliquer le recours à l’épisiotomie et aux forceps de manière routinière ? En coupant le vagin, la culture cherche à contrôler la sexualité des femmes.

C’est évident que la continuité des soins et l’application de soins aident à faire vivre la naissance comme une expérience satisfaisante pour les mères. Une relation continue contribue également à l’épanouissement de la sage femme dans son travail. Pourtant, travailler en plages horaires, travailler au sein d’une grande équipe, cela signifie pouvoir planifier, savoir ce qu’elle fera la semaine prochaine à la même heure, le mois prochain, et peut être même l’an prochain... cela fragmente l’expérience de sage femme, et tous pensent trop souvent que la sage femme est happée par une institution hiérarchique et bureaucratique qui régule et contrôle sa vie, ou qu’elle n’est qu’un rouage dans la machine. Comme ceci annihile son autonomie et rend difficile le soin personnalisé cela la rend frustrée et insatisfaite.

Beaucoup de femmes luttent pour trouver un chemin dans le stress post-traumatique après l’accouchement. Elles souffrent de cauchemars, de flashbacks et de crises de paniques et décrivent l’accouchement comme un viol, qui tourne en boucle dans leur tête comme une vidéo qu’on ne peut stopper. Il n’est toujours pas reconnu que les sages femmes, aussi, souffrent de stress post-traumatique. La naissance peut être émotionnellement mutilante pour elles comme pour les mères.

L’essence de l’obstétrique est une relation étroite entre les femmes et leur famille alors qu’elles traversent une étape majeure de leur vie. C’est un voyage excitant et incroyable au cours duquel les défis sont relevés, les personnalités sont révélées et les valeurs explorées. Les sages femmes qui travaillent depuis plusieurs années en système d’équipes peuvent avoir l’opportunité de changer pour la pratique de dossiers sociaux car elles ont la capacité à offrir des soins personnalisés. Dans un premier temps pleines de doute sur ces dossiers, et peut être avec peu d’estime de soi, un nouveau monde s’offre à elles, elles utilisent alors leur compétence en obstétrique dans un nouveau cadre.

Etre une sage femme ce n’est pas seulement donner des soins. Il s’agit de savoir qui est cette personne. Une sage femme se situe au point de croisement entre les générations, en incarnant les valeurs fondamentales dans les sociétés à travers le monde.

Adapté de « Une passion pour la naissance »A Passion for Birth Cover

Une traduction du site mothering.com par Kheira Soria, membre de l'équipe oummi-materne.com

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