Cholestérol : les enfants aussi en souffre !

Illustration cholestérol sur le bureau avec le stetoscope à c^té

Les adultes ne sont pas les seuls à être victimes du cholestérol. Les enfants peuvent également être concernés.

Illustration cholestérol sur le bureau avec le stetoscope à c^té
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Cholestérol chez l’enfant : un mal peu connu

« J'ai du cholestérol ». Comprenons : "J'en ai un peu trop". Qui n'a jamais entendu dans son entourage cette préoccupation légitime ? En effet, les troubles du métabolisme lipidique - la façon dont notre organisme gère les lipides, les corps gras qu'il reçoit dans son alimentation sont très fréquents et chacun sait qu'ils exposent l'individu aux maladies cardiovasculaires.

Mais si nul ne s'étonne d'une hypercholestérolémie (un excès de cholestérol) chez une personne de soixante ans, beaucoup ignorent que cet excès peut aussi toucher les enfants dès le plus jeune âge.

Souvent découverte au cours d'un bilan de santé, l'hypercholestérolémie de l'enfant (plus de 2 g de cholestérol par litre dans le sang, sans qu'il y ait généralement de signes particuliers) pose encore de nombreuses questions. Des études récentes montrent que le risque d'athérosclérose, en gros l'encrassement des artères par le cholestérol, débute justement dès l'enfance et qu'il est d'autant plus important chez l'adulte que l'hypercholestérolémie est plus élevée et de survenue précoce.

Déterminer les facteurs de risque du cholestérol chez l’enfant

Alors, devez-vous demander systématiquement, au cours d'une visite de routine chez le pédiatre, un bilan lipidique (dosage de graisses dans le sang) pour votre enfant ? Le Pr Pierre Rougeux, chef du service de pédiatrie génétique et maladies métaboliques de l'hôpital Debrousse à Lille, répond « qu'il semble raisonnable de se limiter actuellement au dépistage des enfants à risque, c'est-à-dire ceux dont l'histoire familiale révèle des maladies cardiovasculaires fréquentes ».

Néanmoins, si le médecin découvre le cas échéant chez votre enfant un excès de cholestérol, il devra adopter une démarche rationnelle. Dans un premier temps il fera faire deux ou trois autres dosages de cholestérol à quelques semaines d'intervalle pour confirmer la réalité et la permanence de l'hypercholestérolémie.

Ensuite il classera celle-ci par rapport à d'autres types connus d'hypercholestérolémie, après s'être assuré que cet excès de cholestérol n'est pas la conséquence d'une autre maladie.

Enfin, il recherchera chez votre enfant d'autres facteurs de risques cardiovasculaires comme l'obésité, l'hypertension artérielle ou le tabagisme s'il s'agit d'un adolescent, qui viennent aggraver le problème.

Parallèlement, une enquête familiale est effectuée au cours de laquelle on recherche, notamment chez les ascendants, d'éventuelles maladies cardiovasculaires précoces. A cette occasion il est souvent demandé aux parents et aux frères et sœurs de faire doser leur propre cholestérol total.

Pour le professeur J.-P. Girardot de l'hôpital Armand à Paris :

« L’enquête familiale est un temps absolument primordial de l'évaluation d'une hypercholestérolémie de l'enfant. La construction d'un arbre génétique permet de préciser le mode de transmission familiale. Elle peut aussi parfois permettre de révéler chez les parents des anomalies ignorées jusque-là et plus urgentes à traiter chez eux que chez leurs enfants. »

Les différents traitements contre le cholestérol chez l’enfant

Reste à savoir quelle conduite tenir si l'on découvre chez un jeune enfant un taux élevé de cholestérol. Il ne faut surtout pas dramatiser le problème puisque la santé de l'enfant n'est absolument pas menacée dans l'immédiat. Deux types de traitements peuvent être proposés. L'un consiste en un régime adapté, et l'autre, associé souvent au premier, à la prise de médicaments abaissant le taux de cholestérol.

Mais selon le Pr Girardot :

« il ne faut pas vouloir imposer à l'enfant un traitement contraignant, prolongé et pas toujours sans effet nocif, y compris sur le plan psychologique, lorsque le risque à distance de l'hypercholestérolémie n'est pas, sinon certain, du moins probable ».

Autrement dit, s'il n'y a pas un fort risque de maladie cardiovasculaire à l'âge adulte. Et le Pr Rougeux indique que « trois éléments doivent être évalués avec précision avant la décision d'un traitement : les antécédents familiaux, la cholestérolémie (taux de cholestérol) et les motivations de la famille pour un tel traitement ».

Dans tous les cas, le traitement diététique (le régime) doit constituer le premier temps de la prise en charge de l'enfant. On le poursuivra au moins trois à six mois avant d'évaluer son effet et d'envisager, si besoin est, un éventuel traitement médicamenteux. Il faut insister enfin sur les effets bénéfiques chez l'enfant de l'exercice physique et sur la nécessité de diminuer ou, mieux, supprimer les autres facteurs de risques cardiovasculaires déjà cités : l'obésité, l'hypertension et, pour les plus grands, le tabagisme.

En conclusion : Parmi les enfants qui ont un excès de cholestérol, on doit identifier ceux qui présentent des risques cardiovasculaires importants pour l'âge adulte. On met alors en route, de façon prudente, une prévention (régime et si nécessaire médicaments) qui sera d'autant plus efficace qu'elle aura été commencée le plus tôt possible.

Le bilan des lipides dans le sang

Chez l'enfant et l'adolescent, de 4 à 19 ans, on considère comme souhaitable un taux de cholestérol total inférieur à 1,70 gramme par litre et comme pathologique un taux supérieur à 2 g par litre. Pour le LDL cholestérol, le taux souhaitable est de 1,10 g par litre. Un taux supérieur à 1 g par litre est jugé pathologique. Alors que le HDL cholestérol doit rester supérieur à 0,4 g par litre.

Lors du bilan, on évalue également le taux des triglycérides, graisses de réserve qui ont un rôle complexe et dont l'augmentation contribue aussi à l'encrassement des artères. Ainsi, un bilan lipidique forme un tout difficile à apprécier pour qui n'est pas spécialiste.

Exemple : Un taux de cholestérol total un peu élevé peut être acceptable s'il est accompagné d'un taux élevé de HDL ("bon cholestérol"). Et il ne faut pas oublier que le risque cardiovasculaire est modulé par de nombreux autres facteurs tels que l'obésité, le tabagisme ou une tension artérielle élevée.

Dans tous les cas, c'est au médecin d'interpréter le bilan convenablement et d'en tirer des conclusions quant à un éventuel traitement.

Le cholestérol, une substance précieuse

Le cholestérol est présent naturellement dans tous nos tissus. C'est une molécule précieuse puisque notre organisme s'en sert comme "matière première" pour la synthèse d'autres substances, notamment des hormones sexuelles.

Les aliments nous apportent quotidiennement 0,2 à 0,5 gramme de cholestérol, mais notre corps en fabrique encore plus. Dans le sang, le cholestérol est véhiculé à bord de grosses molécules : les lipoprotéines. Les unes appelées LDL livrent le cholestérol aux cellules qui en ont besoin ; les autres, dites HDL, ramènent l'excès de cholestérol vers le foie où il est éliminé. C'est la raison pour laquelle on qualifie souvent les LDL de « mauvais cholestérol » et les HDL de « bon cholestérol ».

En réalité, tout est une question de dosage. S'il est bien d'avoir un taux normal de "cholestérol total", encore faut-il qu'il y ait un bon rapport entre LDL et HDL, signe d'une bonne gestion des corps gras par l'organisme et donc d'un faible risque d'encombrement des artères.

Les précautions alimentaires pour contrer le cholestérol chez l’enfant

Sauf cas particuliers, des médicaments ne sont donnés à l'enfant qu'après avoir essayé sérieusement un régime qui peut donner des résultats satisfaisants chez les "bons répondeurs". Les précautions alimentaires indiquées par le médecin ou la diététicienne visent, chez l'enfant, à faire baisser le taux de cholestérol tout en préservant la croissance et le développement de l'organisme.

D'une façon simple, il s'agit d'appauvrir l'alimentation en graisses d'origine animale au profit des corps gras d'origine végétale.

Exemple : Remplacer le beurre et les graisses animales par des margarines ou mieux des huiles polyinsaturées (tournesol, maïs, pépins de raisin, soja, noix, plutôt qu'arachide et colza). De consommer des viandes maigres (blanc de poulet, lapin...) et des poissons. De supprimer les charcuteries sauf le jambon maigre. De se limiter à un œuf par semaine (le jaune seulement est déconseillé).

Le régime doit être riche en fibres (légumes verts et fruits, pain complet). Les féculents et céréales sont maintenus et l'apport de produits laitiers appauvris en matières grasses reste essentiel. Mais attention aux graisses cachées dans les viandes et les pâtisseries du commerce !

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