Arrêtons de dire aux enfants : « Tu es méchant » (+outil)

"Tu es méchant" , "Tu n'es pas gentil" , "Tu es vilain"

Combien de fois avons-nous entendu ces phrases durant notre enfance? Certains se souviendront et resteront marqués par ces paroles, d'autres non. Combien de fois avons-nous laissé échapper ces mêmes phrases à nos enfants?

C'est vrai, ces paroles sont si banales, pourquoi soulèveraient -elles des questionnements? Pourtant, il y a encore peu de temps, je me suis entendue dire à mon aîné de 4 ans : "Tu es méchant!". Sans mesurer les conséquences de mes paroles, je lui ai balancé ces horreurs. Lui m'a simplement répondu : "Mais non maman, je ne suis pas méchant". A ce moment-là, j'aurais aimé remonter dans le temps et ravaler mes paroles, mais c'était trop tard. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? A balancer des paroles pareilles sans réfléchir ?

On sait vaguement que c'est mal, mais sans plus. On le sent au fond de nos tripes que c'est complètement naze de dire ça. On le sait que ce n'est pas l'enfant qui est méchant là tout de suite, mais ce que vient de dire l'adulte. Pourquoi l'adulte aurait-il ce statut suprême d'être toujours "gentil" et l'enfant celui de "méchant". Ça fait beaucoup d'étiquettes, je sais, mais il y a déjà cette position d'adultisme qui me ronge.

J'aimerais pousser la réflexion plus loin, pourquoi est-ce que nous devons arrêter de dire à nos enfants : "tu es méchant", "tu n'es pas gentil" ou encore "tu es vilain".

Ce sont des paroles banales, pourtant elles ne sont pas si anodines que ça.

Ce sont des étiquettes que nous collons sur la tête de notre enfant et dont il aura du mal à se défaire. Il grandira avec l'idée qu'il est effectivement méchant et il l’intégrera à sa personnalité. Quand on dit : "Tu es méchant", vous voyez, on parle de lui au lieu de parler de son comportement. On le juge, on le dévalorise, on le rejette, et tout ça c'est terriblement dur.

Je sais, on croule un peu sous la culpabilité, n'est-ce pas? Mais la culpabilité n'aide pas à avancer, alors je vais vous expliquer une chose en rapport avec votre cerveau. Prenons l'exemple d'un jeune enfant qui nous frappe. Cette situation est considérée par notre cerveau reptilien comme une "attaque". Elle va déclencher de façon quasi instantanée une alarme libérant une hormone appelée "adrénaline". Cette hormone provoque un stress permettant de répondre au danger et à la menace imminente. A ce moment-là on peut avoir des comportements agressifs et possessifs non contrôlés. On "attaque" et c'est une réaction du cerveau reptilien dans sa lutte pour la survie (attaque/fuite/paralysie).

Si en plus de cela, enfant vous avez connu la violence (physique, psychologique...) alors vous risquez de reproduire involontairement ce que vous avez vécu enfant. D'où l'importance de prendre conscience de ses mémoires passées et d'être accompagné pour en "guérir". C'est ce qui permet de se libérer et de pouvoir agir autrement beaucoup plus facilement.

Au lieu de "Tu es méchant", je préfère dire "Taper est inacceptable. Les mains sont faites pour caresser, jamais pour taper." C'est ma réponse. Je ne dis pas que c'est parfait, mais c'est compris par mes enfants.

Un outil merveilleux : la communication non violente

Maintenant qu'on sait pourquoi ces paroles sont à éviter, il est toujours mieux d'avoir un outil concret à utiliser pour nous éviter de retomber dans nos automatismes. La communication non violente est vraiment une clé.

L'une des bases de la CNV est l'utilisation de "je" au lieu du traditionnel "tu" accusateur. Quand nous commençons notre phrase par "tu", bien souvent les mots qui suivront seront des jugements, des généralités ou des dévalorisations. Le "je" permet de s'approprier les choses, d'exprimer ses émotions, son ressenti sans rejeter la responsabilité sur les autres. C'est un vrai exercice, mais c'est parfaitement faisable et cela deviendra une habitude.

"Je vois que tu es en colère" , "Je suis agacée quand tu parles très fort"... Le but n'est pas de vivre en "bisounours" en cessant d'exprimer ses besoins en tant que parents. On doit dire à son enfant quand son comportement ne nous convient pas. Une bonne communication est nécessaire pour être efficace, en mesurant les conséquences des actions autrement que par des punitions ou des récompenses.

3 réactions à Arrêtons de dire aux enfants : « Tu es méchant » (+outil)

  • Je viens de découvrir votre site et j’en suis très heureuse. Je suis une partisane de Neill, mais aussi Rheich, Janov et Miller, qui ont oeuvré pour le bien être de l’enfant (et de l’adulte plus tard qui a été maltraité dans son enfance).

    Il y a juste un point que j’ai noté quand vous écrivez « Je suis agacée quand tu parles fort »
    ça reste un format de culpabilisation de l’enfant qui l’encouragerait à parler bas, alors que s’il parle fort c’est qu’il en a besoin, probablement, selon le contexte pour être entendu, non ?
    Et si un agacement est ressenti, personnellement la question que je me poserai serait plutôt « Pourquoi le fait que mon enfant (ou n’importe qui d’autre) quand il parle fort fasse que je me sente agacée ? »
    Peut-être que vous-même, vos propres parents ne vous ont pas laissé parler fort ?

    Tout ça ne sont que des questions 🙂

  • En fait il manque l’expression du besoin . Je suis agacé parce que j’ai besoin de calme. L’autre n’est pas impliqué et je prends la responsabilité de ce que je ressens ?
    Mais en effet , avant tout, il y a l’intention de se relier à ce que vit notre enfant et à l’écouter pour ensuite exprimer ce qu’il y a de vivant en nous. ?

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