Beaucoup d'ados mangent mal. Mais qu'est-ce qui peut les amener à avoir un comportement anarchique ? Comment les aider à retrouver une certaine stabilité culinaire ?
Adolescent : comment bien manger ?
La période de l'adolescence peut être comparée à celle de la toute petite enfance. Comme le bébé qui double son poids en six mois et le triple en un an, l'adolescent, entre 11 et 17 ans, peut également doubler son poids et prendre dix centimètres en un an.
Une telle métamorphose demande, c'est évident, d'avoir une alimentation de qualité.
C'est-à-dire de répartir les 2 500k calories dont les adolescents ont besoin en trois ou quatre repas par jour.
Tout d'abord, la journée doit démarrer par un bon petit déjeuner avec laitage, pain ou céréales, boisson, fruit frais et, en plus, beurre, miel, confiture... Au déjeuner et au dîner, chacun selon son appétit, sans excès, saura manger de tout : légumes, féculents, poisson ou viande, laitages et fruits, sans oublier de boire... de l'eau, naturellement !
Dans la réalité, c'est un peu différent. Cinq à dix pour cent des ados sautent le petit déjeuner. Et beaucoup escamotent le déjeuner ou optent pour les fast-foods, les chips-saucisson-sodas. Sans commentaire ! Cela aboutit à une alimentation déstructurée.
Attention au culte du corps !
Souvent, les jeunes traversent la période de l'adolescence sans problème sur le plan alimentaire.
Il y a toujours, bien sûr, quelques rébellions. On va au fast-food parce que les parents, eux, n'y vont pas ; on boit des sodas parce que les parents n'aiment pas, etc. Mais, bien vite, ces petites manies passent et tout rentre dans l'ordre.
Cependant, ce n'est malheureusement pas le cas de tous.
Dans certaines familles, l'image du corps est sublimée. Lors de cette période souvent ingrate, où pourtant tout finit par s'arranger, certains parents, en voulant bien faire, insistent trop sur les rondeurs de leur fille qu'ils voudraient parfaite. Cela d'autant plus que la mère a pu avoir elle-même des soucis de poids.
Devant cet environnement familial exigeant, l'adolescente peut se sentir imparfaite. Pour aller mieux dans sa tête, elle pense que perdre quelques kilos va résoudre tous ses problèmes. Elle fait un régime. Dans certains cas, ce régime peut prendre une tournure pathologique et dévier vers des excès qui, très vite, peuvent conduire à une anorexie.
L'adolescente se marginalise. Elle ne mange pratiquement pas, surveille la manière de cuisiner de sa mère et devient tyrannique. Elle boit beaucoup d'eau.
A l'origine, il s'agit souvent d'une adolescente qui aime manger. Elle se sent forte parce qu'elle arrive à se priver de manger. (Elles sont plus de 36 % à avoir l'impression d'être grosses et 25 % d'entre elles ont déjà suivi un régime à quinze ans.)
Il faut dire que la publicité n'arrange rien. Elle montre des mannequins sveltes, longilignes. Et quant à la mode, elle n'est conçue que pour les minces !
Si chacun mange quand il veut
Autre cas, celui des familles qui se veulent libérales. Chez elles, on ne dresse presque jamais le couvert. Les repas sont rarement pris en commun. Chacun pioche, quand bon lui semble, ce qu'il veut dans le réfrigérateur. Pour certains, cela n'aura pas d'importance.
Pour d'autres, cela peut induire, par perte de référence, une désorganisation alimentaire. Ce qui conduit à manger et boire n'importe quand, n'importe quoi, et plus souvent des viennoiseries, des chips, des sodas. Cela peut même aller vers une sorte de frénésie alimentaire, conduisant à se gaver jusqu'à ressentir des nausées, ou même se faire vomir pour ne pas grossir. C'est le lit de la boulimie. Aussi sournoise que destructrice.
Boulimie ou anorexie : comment leur venir en aide ?
Il ne faut pas attendre qu'ils sombrent dans la boulimie ou l'anorexie pour s'inquiéter. Il y a des signes que les parents doivent apprendre à détecter. Entreprendre un régime draconien quand on a seulement deux kilos à perdre, devenir trop pointilleux sur le contenu de son assiette, être trop perfectionniste tant au niveau du corps que des performances scolaires ou autres, par exemple.
Que faire ? Si vous avez du mal à dialoguer avec votre enfant, surtout ne baissez pas les bras.
Il faut essayer de l'orienter vers quelqu'un en qui il ou elle a confiance et qui pourra l'aider.
Ce peut être le médecin de famille qui, de toute façon, devra suivre de près la démarche de régime entreprise par une adolescente, ou une autre personne de l'entourage avec qui l'adolescent communique facilement.
On peut, aussi, ne pas en arriver là. En conservant, par exemple, un minimum de structure familiale, en prenant ensemble au moins un des repas quotidiens. En général, au dîner où toute la famille est là.
- Une règle de base à respecter par tous : ne pas transformer le repas en règlement de conflit, car, pour les adolescents, le contenu de l'assiette n'est pas aussi important que la convivialité de la réunion.
- Aux parents de montrer l'exemple : Comment voulez-vous qu'un adolescent mange des légumes verts (parce qu'on lui dit que c'est bon pour la santé) si ses parents n'en consomment jamais ?
- Dernier point : Favoriser la sociabilité alimentaire de la famille où tout le monde mange les mêmes plats, mais où chacun se sert en fonction de son appétit.
Et les garçons ?
Les régimes, les risques d'anorexie ou de boulimie touchent beaucoup plus les filles. Serait-ce que les adolescents, eux, passent ce cap sans aucun problème de nutrition ?
Pas forcément. Mais ils ne connaissent pas les mêmes. Parfois, ils peuvent cacher leur mal-être dans l'alcool qui leur procure une sensation de bien-être artificielle et fugitive.
C'est pourquoi, quand parents et enfants sont à table ensemble, tous doivent s'efforcer de boire de l'eau et non du vin.
Ces petits ennuis ne durent qu'un temps. Ne jamais oublier que nous aussi avons été des adolescents en crise. Alors, souvenons-nous de ce temps-là et aidons-les à trouver leur chemin en surmontant chaque petite difficulté au jour le jour avec tendresse et patience.
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