Votre ado est en pleine crise psychologique. Vivre avec lui sans cris ni heurts relève, en ce moment, de l'héroïsme ! Comment le décoder ?
La crise de l’adolescence, la comprendre brièvement
Pourquoi les parents font-ils tant d'histoires autour de la crise d'adolescence de leur progéniture, alors qu'ils ont dû, pratiquement sans s'en apercevoir, en affronter d'autres avant ? Justement parce qu'elle est beaucoup plus importante.
Aujourd'hui, l'adolescence dure effectivement plus longtemps qu'il y a vingt ans. Les jeunes y rentrent plus tôt, dès l'âge de onze ans. Ils en sortent beaucoup plus tard, quand ils sont autonomes financièrement. De plus, pour quitter le cocon familial, ils doivent se sentir sûrs d'eux.
Il faut qu'ils soient prêts à supporter d'inévitables déceptions (sentimentales, professionnelles...).
Mais commençons par un petit retour en arrière.
- La première crise a eu lieu à la naissance, lorsque votre nouveau-né est passé, lors de l'accouchement, d'un milieu hydrique à un milieu aérien. Quel changement de vie pour lui ! Mais il a été vite apaisé par le lien qui s'est noué entre vous deux.
- La deuxième crise s'est située entre deux et six ans. Votre fille était amoureuse de son papa, votre fils de vous.
- Puis, entre l'âge de six et onze ans, plus de soucis. Votre enfant est entré en phase de latence. Votre fille a tout fait pour vous ressembler, vous vous sentiez flattée. Votre fils, lui, calquait son comportement sur celui de son père. Pendant cette période la vie était rose !
Crise d’ado : C'est la faute aux hormones !
Alors que tout allait bien, brutalement, vers onze ans, la puberté vient tout chambouler. Votre 'petit ange" se métamorphose, à votre avis, en "démon". Vous ne le reconnaissez plus. Que lui arrive-t-il ?
Sous l'effet des hormones, il se transforme. Psychologiquement, il va vivre, à la puissance dix, toutes les émotions qu'il a ressenties dans la petite enfance. Par exemple, l'Œdipe refait surface, ce qui se traduit par un retour de l'agressivité mère/fille.
Et plus les crises de sa petite enfance ont été difficiles, plus celles de l'adolescence le seront aussi. Courage !
Physiquement, le jeune doit renoncer à son corps d'enfant et accepter celui d'adolescent. Au fil des mois, les filles voient leur poitrine pousser, leur taille se former...
Chez les garçons la voix mue, une légère pilosité apparaît sur le visage. Tout va très vite. Ils ne maîtrisent pas ces changements et ne supportent absolument pas d'être gouverné par leur corps, de ne plus se reconnaître.
Ils traversent une période où ils ne savent pas s'ils sont encore petits ou s'ils sont déjà grands. Ils vivent dans un véritable no man's land. Cette ambivalence est, pour eux, très difficile à gérer... et pour vous à supporter !
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Laissez-le faire son deuil de l’enfance
En fait, pour accepter de grandir, le jeune doit faire le deuil de son enfance. Tous doivent passer par là.
Comme pour toute personne en période de deuil, l'adolescent a besoin qu'on le laisse tranquille afin qu'il enregistre définitivement, dans un coin de sa mémoire, sa petite enfance. Pour certains, qui se sont toujours adaptés rapidement aux changements de situation, cela sera rapide : quelques mois.
D'autres auront plus de mal à supporter cette évolution et il leur faudra plus de temps (parfois plusieurs années). Soyez patients et ne faites pas d'intrusion dans leur travail de deuil. Ce ne serait pas leur rendre service.
Votre ado s’oppose à vous : « tout va bien ! »
L'adolescence est l'étape charnière avant de devenir autonome. Pour y arriver, le jeune a besoin de se désengager par rapport à ses parents. En pratique, que se passe- t-il ? Il s'oppose.
Plus vous lui demandez de faire un effort de travail au collège, moins il se fatigue. Cette attitude vous exaspère.
En fait, elle est normale puisqu'il est en pleine révolte contre vous. C'est un peu le même phénomène que la poussée d'Archimède : lâchez la pression et, dans la plupart des cas, vous obtiendrez les résultats souhaités !
Côté vestimentaire, il est difficile de faire du shopping ensemble. Vous n'avez plus aucun goût en commun. Elle ne jure que par les chaussures à semelles compensées. Vous lui répondez qu'elle a l'air perchée sur des échasses. Il porte ses pantalons larges et tombant sur ses chaussures.
Vous lui proposez de lui faire des ourlets ! Ce qui vous dérange le plus, est-ce qu'il ne soit pas habillé selon votre goût ou le qu'en dira-t-on ? L'important n'est-ce pas qu'il s'habille comme il aime, de façon à se "sentir à l'aise dans ses baskets" ?
Il a besoin de s'identifier au groupe auquel il appartient : celui des adolescents qui n'a rien à voir avec le vôtre. C'est un passage obligé. Prenez votre mal en patience, il réintègrera bientôt une mode plus conventionnelle !
Il s'ennuie ou redouble d'énergie : c'est normal
Vous ne comprenez pas comment il peut passer des heures vautrées sur son lit, à ne rien faire. Il est à un âge où la fatigue physique et morale est fréquente. Être une "loque" ça le protège ! Cette attitude lui évite de s'en prendre à son père ou d'avoir un faible pour sa mère.
D'autres ont une réaction inverse. Ils deviennent, pour un temps, hyperactifs. A un point que vous en seriez inquiets. C'est, en fait, une bonne façon de gérer l'adolescence. Quand ils sont occupés, les ados n'ont pas le temps de penser à toutes les émotions qui les assaillent !
En résumé : si vous trouvez votre fils très pénible depuis quelque temps, si votre fille passe son temps à s'admirer (en fait elle se redécouvre) devant la glace, ou s'ils parlent mal, ne leur en veuillez pas trop.
Tous ces comportements, ces manières d'être à l'égard des autres (et de vous en particulier) sont absolument conformes à leur âge.
Cette crise d'adolescence, que les parents vivent mal eux aussi, est normale et souhaitable. Elle permettra au jeune de devenir un adulte équilibré.
D'autres manifestations sont à prendre au sérieux. Pour certains, l'adolescence est loin d'être le "bel âge". Certains la perçoivent comme un vide dont ils ne savent pas comment sortir. C'est là que vous, parents, devez être présents et vigilants.
Les symptômes de dépression qui doivent vous alerter
Plutôt que de vous inquiéter de choses futiles comme de sa tenue vestimentaire ou de son langage que vous ne comprenez pas, sachez dépister certains symptômes plus graves qui pourraient signaler une dépression.
Si l'adolescence est une période où les jeunes ont souvent du vague à l'âme ou des petits coups de blues, ceux- ci ne durent guère plus de quelques jours. Au-delà, c'est peut-être le début d'une dépression. Cette véritable maladie entraîne, chaque année, 1 000 suicides d'adolescents.
Sachez reconnaître le dépression
Votre jeune est de plus en plus souvent irritable, agressif. A la moindre réflexion de votre part ou de quelqu'un de son entourage proche, il se met en colère.
"Nul" est un des vocables les plus employés par les adolescents pour tout et n'importe quoi. "le cours est nul", "le livre qu'on doit lire est nul", "Untel est nul", etc.
Toutefois, quand cette dévalorisation le concerne lui personnellement ("je suis nul"), qu'il l'applique également à son avenir et au monde en général, en résumé qu'il n'a guère d'espoir, il est grand temps de vous préoccuper de sa santé psychologique.
Qu'il (ou elle) désinvestisse, pour un temps, son travail au collège et que cela vous chagrine est compréhensible, mais pas gravissime. En revanche, s'il abandonne ce qu'il aimait il y a encore quelque temps : voir ses amis, sortir, faire du sport... ce repli sur lui-même signe certainement une souffrance profonde à ne surtout pas négliger.
Elle se lave les mains au moins vingt fois par jour par peur des microbes. Il ne peut rentrer en cours qu'en engageant en premier son pied droit dans la salle de classe, par crainte de rater sa journée ! Ces troubles anxieux (troubles obsessionnels compulsifs ou TOC) sont typiques des ados et indiquent un problème psychologique à prendre rapidement en considération.
Que vous n'arriviez pas à le faire se coucher à 21 heures, c'est normal ! Que la lumière de sa chambre reste allumée jusqu'à une heure du matin ou qu'il soit pris d'insomnie en milieu de nuit et reste éveillé jusqu'au lendemain matin, le sont beaucoup moins. Ces perturbations du sommeil doivent attirer votre attention si elles se répètent trop fréquemment.
Il est primordial, pendant ces années-adolescence, que vous préserviez le contact avec votre enfant qui devient pas à pas un adulte. Il n'est, bien sûr, pas question de perdre votre autorité de parents, mais peut-être de savoir lâcher la bride sur certains points secondaires : vêtements, sorties, scolarité. Le plus important n'est-il pas qu'il s'épanouisse dans sa "nouvelle peau" et se sente bien dans sa famille ?
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