En demandant à nos enfants de dire la vérité et en étant francs avec eux, nous leur permettrons de grandir et de se construire en étant épanouis.
Les enfants mentent, et c’est normal
Quel enfant n'a pas, un jour, accusé le chat d'avoir cassé le vase ou sa sœur, pourtant absente, d'avoir fini la tablette de chocolat, ou encore avoir affirmé qu'il s'était bien lavé les dents alors qu'il n'en était rien ? Tous ont une fois caché la vérité à leurs parents.
De même, pour protéger leur enfant d'une éventuelle souffrance, de nombreux parents ne préfèrent-ils pas, parfois, lui dissimuler certains faits ?
Il est important de dire la vérité aux enfants dans les domaines qui les concernent (la douleur provoquée par certaines vérités est toujours préférable aux mensonges qui entraînent une perte de confiance irréversible).
Ce qui ne revient pas à tout leur dire ou à leur permettre d'avoir accès à l'intimité des grandes personnes. Les parents ont un jardin secret que les enfants doivent respecter.
Le sens du mot vérité apparaît entre deux et trois ans
Jusqu'à l'âge de trois ans environ, le petit enfant vit aussi bien dans le réel que dans l'imaginaire. Il ne comprend pas encore les limites de l'un et de l'autre et ne fait donc pas la différence.
Pour lui, tout ça, ce ne sont que des histoires. Puis, vers l'âge de trois ans, l'enfant comprend qu'il a des pensées propres qu’il peut garder pour lui. À partir de ce moment, l'enfant apprend qu'il peut mentir... et cela le fait grandir, le rend un peu autonome.
Pouvoir cacher certaines pensées à ses parents, c'est se constituer un jardin secret et leur ôter ainsi un peu de leur toute-puissance. Ils ne peuvent plus régir tout ce qui concerne leur enfant.
Une part leur échappe. Si les petits mensonges ne portent pas à conséquence, il vaut mieux, pour les parents, ne pas rester indifférent. Cela pourrait être pris pour un consentement de leur part.
Il est primordial que les parents apprennent à leurs enfants l'importance de la vérité, base de toute relation de confiance entre les individus.
Le mensonge rend malheureux les enfants
Ce n'est jamais par plaisir qu'un enfant cache quelque chose d'important à ses parents ou, de manière plus large, aux adultes. Au contraire, cela le rend très malheureux. Alors pourquoi agit-il ainsi ? Souvent en raison d'un problème relationnel.
Certains parents (ou enseignants) ont tendance à employer des termes qui rabaissent l'enfant, qui l'humilient. Il ment alors pour se valoriser.
Parfois, la punition donnée à l'enfant pour avoir caché la vérité est disproportionnée par rapport à la faute commise. Il arrive que des parents soient très sévères.
Des parents très exigeants entretiennent chez lui une telle pression qu'il préfère mentir plutôt que de les décevoir.
Se remettre en question est toujours difficile, mais peut s'avérer nécessaire pour rassurer son enfant et le laisser s'exprimer en renouant le dialogue.
Les mots que l'on emploie ont aussi leur importance. Un petit enfant à qui l'on dit "Tu es méchant, car tu as mangé tout le chocolat sans en laisser quelques carrés à tes frères et sœurs" peut avoir l'impression de perdre l'amour de sa mère, de son père et, la prochaine fois, cachera donc la vérité.
Les parents doivent toujours montrer l'exemple
Il est difficile de demander à son enfant de dire la vérité, rien que la vérité, si les parents mentent.
De plus, il est faux de croire que les enfants ne comprennent pas tout et que l'on peut leur cacher la vérité. Cela part d'une bonne intention, en pensant leur épargner une souffrance. Par exemple, dire à un enfant dont le grand-père est mort qu'il est parti en voyage est une erreur.
Leur enfant voit bien que la famille est triste. Rien d'étonnant qu'il ait des angoisses lorsque ses parents lui annoncent qu'ils partent en voyage.
Qu'il s'agisse de maladie, de séparation parentale ou de deuil, il est primordial de ne pas mentir à l'enfant. On doit lui expliquer avec des termes simples mais justes (on dit mort et non parti en voyage), des mots adaptés à sa compréhension.
Dans le domaine de la vérité, il est important que les parents s'impliquent.
Les choses essentielles doivent se dire au cours d'une relation où l'on emploiera le pronom "je" plutôt que "on" ou "il faut que l'on te dise". Cela permet un contact entre l'enfant et l'adulte.
En revanche, dans certains cas, il est tout à fait possible de dire à l’enfant "On te le dira quand tu seras plus grand", ce qui est plus constructif que "Ce n'est pas de ton âge". Cette phrase ne signifie pas qu'on occulte la vérité mais qu'elle est simplement repoussée à plus tard, lorsque l'enfant aura acquis une certaine maturité. Elle est même intéressante pour l'enfant qui, ainsi, a envie de grandir pour accéder au savoir des grandes personnes.
Enfin, il faut garder à l'esprit que la douleur de la vérité est toujours préférable au mensonge, car on peut accompagner un enfant dans sa souffrance, l'aider à s'en sortir. Alors que regagner la confiance perdue est beaucoup plus difficile, parfois impossible dans certains cas. Ce qui risque, alors, de détériorer les relations parents-enfants.
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