Prévenir les caries et l'ostéoporose, ça commence dès la naissance ! Tous les conseils pour y parvenir et respecter les bons dosages de fluor et vitamine D.
Fluor : jamais plus d'un milligramme par jour
En matière de prévention, on peut avoir recours aux médicaments, mais aussi aux aliments et à ce que nous propose notre environnement. L'important est de respecter certaines règles, car il existe toujours un risque de surdosage à ne pas négliger.
La supplémentation en fluor date des années 1980. Sa mise en place a permis une nette diminution des problèmes dentaires. De quatre dents cariées, absentes ou obstruées (C.A.O.) à douze ans en 1987, on est passé, aujourd'hui, à 1,8 dent.
Le programme de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) est plus ambitieux : il souhaite atteindre, à l'horizon 2025, une seule dent cariée, absente ou obstruée à douze ans. D’où l'importance de donner du fluor au nourrisson.
Mais pas n'importe comment, afin d'éviter le risque de fluorose (taches blanchâtres irréversibles sur les dents), qui varie de 2,75 % à 3,9 % selon les études.
Chez le nourrisson, l'apport de fluor se fait uniquement par voie orale (eau, gouttes ou comprimés). Il agit donc directement sur la structure de l'émail encore en formation, en la renforçant.
« Jusqu'à l'âge de deux ans, l'eau utilisée pour la préparation des biberons, ou tout simplement pour désaltérer le tout-petit, doit être pauvre en fluor. Sa teneur doit être inférieure ou égale à 0,3 mg de fluor par litre », explique le Pr Joël Gaudelus, pédiatre.
Sur ces eaux est spécifiée l'indication "convient pour la préparation des biberons". Il s'agit notamment de Mont-Roucous (0,05 mg/l), Thonon (0,07 mg/l), Valvert (0,1 mg/l), Evian (0,12 mg/l), Volvic (0,22 mg/l) et Vittel (0,28 mg/l).
« Cet apport est complété, durant les deux premières années, par une supplémentation médicamenteuse en fluor, à raison de 0,05 mg par kg », précise le Pr Gaudelus. Ce qui correspond, en moyenne, entre l'âge de six mois et trois ans, à un comprimé de 0,25 mg ou à 4 gouttes à 0,114 %.
Au plus tard à deux ans, il est nécessaire d'effectuer, chez le dentiste ou le pédodontiste, un bilan fluoré. Ce dernier est très important, car il permet de faire le point et d'éviter un surdosage en fluor.
Il se manifeste par des opacités ou des taches blanches sur l'émail des dents et/ou par un émail dentaire défectueux concernant les dents d'adulte.
Un jeune enfant qui a des apports en fluor par l'intermédiaire de l'eau, du sel et du dentifrice n'a pas besoin d'un complément de médicament. Lorsqu'une ou plu- sieurs dents temporaires sont cariées, l'enfant a cinq fois et demi fois plus de risque d'avoir des caries sur ses dents définitives dès l'âge de sept ans. Dans ces cas-là, il est important d'avoir des apports fluorés suffisants.
Vitamine D nécessaire jusqu'à cinq ans
« Depuis la supplémentation des laits infantiles en vitamine D en 1992, on a vu disparaître le rachitisme en France dit le Pr Gaudelus.
En effet, cette mesure a fait chuter l'incidence du rachitisme de 30 % en deux ans. Toutefois, la quantité de vitamine D introduite dans les laits est insuffisante pour assurer les besoins totaux. Elle est comprise entre 400 et 500 U.I/l pour les préparations pour nourrissons, et entre 500 et 600 U.I./l pour les laits de suite. Or, le nourrisson a besoin de 800 à 1 200 U.I. par jour de vitamine D, afin de pouvoir assurer correctement la fixation du calcium sur ses os.
Les sources naturelles de vitamine D sont restreintes : il y a la lumière solaire entre juin et octobre. Il suffit que les mains et le visage de bébé soient exposés à la lumière dix à quinze minutes par jour pour avoir assez de vitamine D. Mais c'est plus difficile le reste de l'année. C'est pourquoi une supplémentation reste indispensable.
Bébé est allaité : « Le lait de femme contient 50 U.I. de vitamine D par litre. On donnera donc au tout-petit, sous forme médicamenteuse, 1 000 U.I par jour de vitamine D, ajoute le Pr Gaudelus. Cette dose sera augmentée (1 500 U.I.) pour les bébés nés prématurément, ou à terme mais hypotrophes (d'un trop petit poids à la naissance). »
Il est nourri au lait infantile : « Le lait artificiel est supplémenté en vitamine D, on recommande alors un complément compris entre 600 et 800 U.I. par jour de vitamine D, dit le Pr Gaudelus. Les bébés prématurés ou hypotrophes ont besoin d’une dose plus importante : entre 1 000 et 1 200 U.I./jour. »
A partir d'un an et demi, le tout-petit ne prend plus de vitamine D qu'en période hivernale, à raison de 80 000 U.I. tous les deux à trois mois, à condition qu'il consomme un lait de croissance en contenant (Blédilait Croissance, Croissance de Candia, Eveil de Lactel, Novalac lait de croissance, Nutricia, Premiers Pas...).
Une exception concerne les bébés de cet âge qui prennent du lait de vache. Ce dernier ne contient, en moyenne, que 20 U.I. de vitamine D par litre. S'il est écrémé, il n'y en a plus du tout. « Ces bébés doivent donc continuer à prendre 1 000 U.I. de vitamine D par jour », affirme le Pr Gaudelus.
En règle générale, la vitamine D est préconisée jusqu'à l'âge de cinq ans chez l'enfant.
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