Enfants : l’amitié, c’est du sérieux

Les enfants de maternelle s’entment assis en souriant

L'amitié est une source de bonheur, une valeur sûre, que les enfants savent reconnaître et apprécier autant que les adultes. Suivant les âges et les caractères, elle prend plus ou moins d'importance, mais fait partie intégrante de leur vie.

Nouer des relations

Avant l'entrée à l'école, les enfants du même âge, mis en présence les uns des autres, se regardent avec méfiance, avec toutefois une certaine curiosité, et tentent quelques gestes d'approche maladroits. Mais ils arrachent leur jouet des mains de celui qui fait mine d'y toucher !

« Vers trois ans, dit Marcel Rufo, pédopsychiatre, l'enfant a besoin d'amis : il les recherche d'ailleurs avec beaucoup d'intérêt. Même s'il a déjà des frères et sœurs, il aime nouer des relations avec des enfants de son âge. »

C'est une sorte de liberté nouvelle pour lui de se trouver sur un pied d'égalité avec d'autres enfants, d'échapper à l'autorité des adultes et de la fratrie.

Goûter à ce nouveau plaisir, apprendre l'échange, c'est toute une auto-éducation qui va permettre à l'enfant de dominer son égocentrisme naturel et commencer à développer sa sociabilité. Vers l'âge de trois-quatre ans, les enfants commencent à avoir de bons copains qu'ils retrouvent avec joie, à la maternelle et au square.

A ces âges-là, les enfants aiment être en collectivité, mais ils jouent plutôt "côte à côte" que vraiment ensemble. Ils se regardent et s'imitent les uns les autres, copient un geste, une attitude, et jettent un coup d'œil au copain pour voir si c'est bien comme cela qu'il faut faire. Les expériences se multiplient à l'infini, apportant chaque fois un progrès, un enrichissement mutuel.

La vivacité des gestes, la rapidité de l'exécution comptent beaucoup dans le plaisir du jeu, mais entraînent souvent disputes et chamailleries sans conséquences. Les "T'es mon copain ! T'es plus mon copain ! ", leitmotiv des cours de récréation des maternelles, fusent aussi vite dans un sens que dans l'autre !

Les différences entre les copains et les copines

Les garçons aiment les bagarres, les filles choisissent d'exprimer autrement leur agressivité : elles tirent les cheveux ou les vêtements... et pourquoi pas la langue ! Elles se servent de leurs ongles pour griffer, de leur esprit pour se moquer, attiser les jalousies, cultiver les apartés. Les garçons détestent ces procédés de filles qu'ils jugent "déloyaux" !

Dès l'âge de trois ans, les différences entre les sexes se confirment, observe Marcel Rufo : « Les petites filles développent plus tôt et plus largement leur vie sociale. Elles aiment jouer à deux ou trois en bavardant abondamment, elles se touchent, se sourient, ont des comportements maternels. »

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Même les disputes sont utiles

Toute relation affective possède ses parts d'ombre et de lumière, ses tiraillements, ses impératifs. Plus tôt l'enfant apprend à naviguer entre les inévitables écueils d'une amitié, plus vite il apprend à vivre en harmonie avec les autres en acceptant les nécessaires frustrations de la vie en commun.

Les chamailleries ne remettent pas en cause l'amitié.

De six à neuf ans, la valse des copains

L'entrée à l'école primaire est un grand passage vers de nouveaux apprentissages, mais ne modifie pas vraiment le style des relations affectives de l'enfant. Les amitiés continuent à se nouer et à se dénouer au cours d'une même récréation.

« La place dans le groupe, remarque le psychologue Harry Ifergan, est toujours en jeu et soumise à condition. Les évincés deviennent des évinceurs, c'est un peu le jeu des chaises musicales. Les secrets chuchotés sont immédiatement révélés, les susceptibilités froissées. » Conséquence logique : les amis changent de bord et réciproquement !

Ils affirment leurs différences

Les comportements des uns et des autres se différencient de plus en plus nettement. Les filles sont plus rêveuses et sentimentales et installent leur relation dans une bulle confidentielle, avec un goût prononcé pour les secrets. Elles se font de petits cadeaux et se créent tout un univers.

Quant aux garçons, ils préfèrent l'action, les jeux en commun, une solidarité faite de codes bien à eux.Ils aiment relever des défis sportifs ou intellectuels, se confronter aux autres, gagner !

Les territoires sont parfaitement marqués, mais les adultes le remarquent-ils ?

Ils paraissent plutôt s'étonner de la volatilité des amitiés de cet âge. « C'est un tort, soutient Harry Ifergan. Cette étape est nécessaire. L'apprentissage, fait de déception, fausses amitiés, vraies jalousies et ruptures, finira par donner à l'enfant une véritable maturité dans ce domaine. Il apprendra à nouer de solides amitiés, plus sereines et plus stables à l'avenir. »

De neuf à douze ans, les copains deviennent des amis

Petit à petit, le nombre de copains diminue, les liens se resserrent avec l'un ou l'autre par affinités partagées, l'échange s'approfondit et l'enfant se réjouit d'avoir trouvé celui qui devient "son meilleur ami".

Le bonheur de cette nouvelle relation est souvent troublé par des désirs excessifs d'exclusivité, par des jalousies, des pleurs et grincements de dents, par de brusques volte-face, mais qu'importe, le ton est donné, l'amitié l'emportera !

Quel est le rôle des parents dans l'accompagnement de ces amitiés enfantines ? Le plus discret possible, répondent les psychologues. Laisser son enfant libre de choisir ses amis, c'est l'aider à déployer ses ailes hors du nid familial, lui permettre de grandir, de s'exprimer, de forger sa personnalité et découvrir les joies d'une première autonomie.

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