3/6 ans, il parle mal : quand et qui consulter ?

orthophoniste lors d'une seance avec un petit garçon

Votre enfant de 3 à 6 ans s'exprime dans un jargon que vous seul comprenez. Il ne sait pas faire de phrases. Consultez rapidement, car ces troubles du langage peuvent le gêner dans sa scolarité, mais aussi toute sa vie.

Les balbutiements du langage apparaissent aux alentours d'un an. D'où l'importance de parler à son enfant, d'accompagner ses faits et gestes de paroles. Cela lui donnera envie de communiquer, d'échanger, d'exprimer ses besoins bien sûr, mais aussi ses émotions, d'abord par des mots puis, petit à petit, par des phrases.

Entre trois et six ans, le langage de l'enfant se développe chaque jour, tant au niveau de la compréhension que de l'expression. L'enfant comprend toujours mieux qu'il ne parle dans les premiers temps. Toutefois, environ 6 % des petits de trois à six ans présentent un trouble du langage oral. Il n'est pas toujours facile de le détecter, car les parents décodent souvent ce que dit leur enfant.

On est également plus tolérant quand il déforme des mots. C'est même parfois vécu comme amusant.

Il articule mal : quelles sont ses difficultés ?

Il prononce mal certains sons : il a un bon langage, mais il transforme quelques phonèmes. Il s'agit en général de "ch", 'j", "z" et "s". On a l'impression que l'enfant "zozotte". Ce problème est généralement mécanique.

Il déforme les mots : il n'arrive pas encore à enchaîner correctement les syllabes. Il choisit la facilité, en utilisant des enchaînements plus simples à prononcer. Ce retard de parole se manifeste chez un enfant qui, par exemple, au lieu de dire "train" prononce 'crain" ; à la place de catalogue", il dit "tatalogue".

Cette déformation des mots peut, si elle persiste, rendre son langage difficilement compréhensible.

Il ne sait pas construire de phrases : il place les mots dans n'importe quel ordre : "Dans ma chambre moi va jouer", "Quoi tu fais", ou il utilise mal les adverbes : "La fille y fait ça". Parfois, il ne sait pas employer le singulier et le pluriel, ce qui donne "Les enfants fait des pâtes ".

Il bégaie : il peut s'agir d'un bégaiement tonique (l'enfant s'arrête quand il parle), clonique (il répète les syllabes, les mots), ou d'un mélange des deux.

Attention, lors de l'apprentissage de la parole, il existe un bégaiement physio- logique. L'enfant a beaucoup de choses à dire et cela se bouscule un peu. Jusqu'à trois-quatre ans environ, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Mais on peut quand même consulter, car lorsqu'un enfant bégaie, il est primordial de savoir s'adapter à son état émotionnel.

Selon son âge : ce qu'il doit savoir dire

Pour vous aider à vous repérer, voici ce que doit normalement avoir acquis votre enfant en fonction de son âge, et ce qui doit vous alerter et vous amener, peut-être, à demander un bilan orthophonique.

Entre trois et quatre ans, il sait :

  • Dire son prénom et son nom.
  • Poser des questions en utilisant les pronoms interrogatifs.
  • Faire de petites phrases (quatre mots) contenant un verbe conjugué.
  • Utiliser les différents pronoms personnels, dont le "je".
  • Raconter simplement ce qu'il a fait.
  • Articuler convenablement les sons, à l'exception parfois du "ch" et du J.

Attention si :

  • On ne comprend pas ce qu'il dit.
  • Il réduit ses phrases à un ou deux mots.
  • Il ne se sert pas des pronoms quand il parle, et notamment du 'je

Entre quatre et cinq ans, il sait :

  • Faire des phrases complexes (sujet, verbe et deux compléments simples).
  • Utiliser à bon escient les notions de temps et d'espace (hier, aujourd'hui, demain...) et de différence (pareil, pas pareil...).
  • Accorder les adjectifs avec les noms.

Attention si :

  • Il n'est pas suffisamment compréhensible quand il parle.
  • Il ne comprend pas ce qu'on lui dit.
  • Ses phrases sont mal construites.

Entre cinq et six ans, il sait :

  • Conjuguer correctement les verbes quand il s'exprime.
  • Raconter une petite histoire de façon ordonnée.
  • Construire des phrases complexes, nécessitant l'emploi de pronoms relatifs.
  • Maîtriser tous les sons, notamment les plus compliqués comme "ch", s, J et "z".

Attention si :

  • Il déforme encore les mots en parlant.
  • Il fait des phrases de moins de quatre à cinq mots.
  • Il ne sait pas du tout utiliser les différentes notions de temps et d'espace, ni le pronom relatif "qui"
  • Il ne conjugue pas systématiquement les verbes dans ses phrases.

De manière générale, il est recommandé de consulter si :

  • On a l'impression que son enfant régresse énormément au niveau de son expression orale.
  • Il s'isole des autres.
  • Il pique des colères quand il voit qu'on ne le comprend pas.
  • Il ne répond jamais aux questions qu'on lui pose.

Vous avez des doutes ? Consultez !

Votre enfant ne s'exprime pas comme ceux de son âge, alors qu'il est en moyenne ou en grande section de maternelle. L'enseignant vous a alerté de ses difficultés à le comprendre. Vous ne devez pas hésiter à en parler à votre médecin, qui prescrira une ordonnance pour un bilan orthophonique et une rééducation, si nécessaire.

S'occuper de ces "soucis" précocement permet de les résoudre vite et d'éviter à son enfant d'avoir des difficultés à communiquer avec les autres, à un âge où il apprend à se socialiser. Et d'avoir aussi un emploi du temps trop chargé en C.P.

Orthophonie : comment ça se passe ?

Petite fille mignonne au bureau d'orthophoniste

Le bilan se déroule en plusieurs temps.

Tout d'abord une rencontre avec les parents et l'enfant, afin de situer le patient par rapport à son histoire : est-il l'aîné, est-ce qu'un petit frère ou une petite sœur vient de naître, sait-il s'habiller tout seul ? Cet échange donne déjà de premiers indices à l'orthophoniste sur ce que l'enfant cherche à exprimer à travers son trouble.

Ensuite, une rencontre en tête à tête a lieu entre l'orthophoniste et l'enfant, si ce dernier l'accepte, ou en présence de ses parents si cela le rassure.

Quand un suivi est nécessaire, il est important qu'enfant et parents adhèrent au projet, qu'ils en soient acteurs. Les séances de rééducation orthophonique, d'une durée d'une demi-heure, ont lieu une à deux fois par semaine, selon les besoins de l'enfant. Elles sont prises en charge à 60 % par la Sécurité sociale.

Le complément est remboursé par la plupart des mutuelles.

La rééducation : elle est pratiquée sous forme de jeux

A cet âge, les séances se font beaucoup par l'intermédiaire de divertissements jouer avec les mots, apprendre à écouter et à différencier les sons, parler autour des images, raconter des histoires...

L'orthophoniste prend également en compte les désirs de l'enfant pour l'aider à évoluer, à s'exprimer, à devenir plus autonome. Les moments d'échange sont aussi importants : « Est-ce que ça va mieux pour t'exprimer », « As-tu l'impression de faire des progrès ? »

Pour progresser et se confier, si l'enfant en ressent le besoin, il doit savoir que ce qu'il dit à l'orthophoniste ne sera pas répété ailleurs. De leur côté, les parents doivent accepter ce contrat avec le thérapeute.

L'orthophoniste fait régulièrement le point avec les parents. Cela leur permet de suivre les progrès de leur enfant et de l'accompagner dans le développement de son langage. C'est effectivement un ensemble qui le fait avancer. Il peut leur donner des pistes sur les attitudes à adopter (ne pas faire répéter l'enfant, mais redire soi-même correctement le mot ou la phrase pour qu'il s'en imprègne, lui poser des questions ouvertes pour lui laisser l'occasion de développer son langage, etc.).

Il peut aussi leur proposer de faire de petites activités avec leur enfant : lire un livre ou décrire une image, par exemple.

Ces séances s'échelonnent de quelques mois à un ou deux ans selon la sévérité du trouble. Parfois, certains enfants ont également besoin d'un soutien psychologique en plus.

Ces troubles isolés de la parole ou du langage rentrent souvent dans l'ordre. Par conséquent, il ne faut pas que les parents s'inquiètent trop pour l'avenir de leur enfant, notamment pour apprendre à lire. Dans certains cas, l'apprentissage de la lecture va pouvoir l'aider à structurer son langage.

Ils peuvent vous aider...

  • Association parole-bégaiement : Tél. : 01 46 65 36 39. | https://www.begaiement.org/
  • Association française de parents d'enfants en difficulté d'apprentissage du langage écrit et oral | Fédération Française des DYS | Apeda Tél. : 01 34 96 43 | https://www.ffdys.com/

À lire aussi : Que faire quand son enfant bégaie ?

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