En fait, je voulais juste du dentifrice…

Aujourd’hui, un jour comme les autres, fin d’après-midi, mon fils et moi allons à la pharmacie. D’un premier abord tout sourire et agréable nous sommes accueillis avec éloquence par le pharmacien en personne. Il semble apprécier les enfants. Il entame naturellement la discussion avec fiston. Il se tourne vers moi et me félicite , comme si c’est moi qui lui parlait, pour son éveil et son vocabulaire du haut de ses 4 ans. Âge que mon bonhomme a annoncé fièrement du bout de ses quatre petits doigts. Puis viens la fameuse question, la cruciale question:

« Alors c’était bien l’instruction en famille aujourd’hui? »

Restant sans réponse devant le regard interrogateur de mon garçon, il renchérit:

« Bah oui, l’instruction à la maison? Tu es en quoi, formel, informel? Ah, 4 ans, tu dois être en….unschooling? »

Il reste sans réponse, mon fils se tourne vers moi les yeux demandant au secours: mais qu’est-ce qu’il me raconte? Je lui glisse discrètement à l’oreille qu’il parle de l’école à la maison et il veut savoir comment s’est passé la journée.
Tout de suite les idées plus claires, du haut de ses 1m10, il lui répond fermement:

« Je vais à l’école moi, je ne fais pas l’école à la maison. »

Le visage du pharmacien se décompose, je suis à deux doigts de demander où se trouve le défibrillateur. Heureusement, en cas de malaise, je me dis qu’on aura de quoi faire autours de nous pour le remettre sur pied.
Une fois ses esprits retrouvés, ou presque, il se ressaisit et m’interroge stupéfait:

« Il va à l’école? Mais, euh, tout les jours? Vous allez le retirer de l’école à 6 ans en fait...?! »

Ca y est c’est parti, le florilège est lancé, je fait des petits signes de tête en guise de réponse, mais il faiblit totalement à ma désapprobation des 6 ans.
En état de choc, il m’assaille de plus belle:

      « Mais, l’instruction en famille est obligatoire à partir de 6 ans non?! Vous n’avez pas peur qu’il ne soit pas sociable? Et pour apprendre à lire comment va-t-il faire? L’école ne le connait pas aussi bien que vous? Comment vous pouvez être sûre que l’école va lui apporter tout ce dont il a besoin?... »

Bref, rengaine habituelle, il m’assassine sur place avec ses questions qui n’en sont pas. Je me sens plus bas que terre, tellement jugée. Mon fils ne comprend pas ce qu’il se passe, il est bien lui ainsi, moi aussi d’ailleurs.

Nous rentrons chez nous, avec notre tube de dentifrice et des jugements pleins le dos. Nous avons hâte d’arriver à la maison afin de faire tout les devoirs scolaires demandés, de préparer le cartable, faire à manger, manger, se laver, re-réviser. Nous nous dépêchons car je veux qu’il se couche tôt pour profiter de son enrichissante journée d’école demain!
Une fois couchée, je repense aux accusations du pharmacien, une boule se forme et se serre au creux de mon ventre. Et si il avait raison, et si j’avais fait une terrible erreur en le mettant à l’école?

Est-ce si difficile dans cette société de faire des choix différents, de ne pas vouloir que son enfant soit dans un moule?

En fait, je voulais juste du dentifrice…

      Voilà le quotidien que l’on vit lorsqu’on fait le choix de l’I.E.F.. Je me suis dit qu’en inversant les idéologies cela serait plus probant qu’un long et énième discours sur le sujet. Au fil du temps, nous restons plus imperméable à ce genre d’accusations , mais qu’en est-il de ceux qui sont en questionnement, ceux qui débutent ce choix de vie? Comment reçoit-on ces propos en pleine période sensible et/ou de doutes? Comment perçoivent nos petits homeschoolers tout ces jugements dont on les accable, sans même s’adresser à eux directement ni leur demander leur avis?

Quelque soit le choix d’instruction ou d’éducation de chaque famille, il serait peut- être plus agréable pour chacun de nous accueillir et de nous écouter plutôt que de nous juger.

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